Homélie 3è Avent 2022
Je voudrais ce matin que nous allions faire un petit tour en prison pour rendre visite à un homme qui n’a ni tué, ni volé.
Il vient d'être incarcéré à la prison de la forteresse de Machéronte située sur un piton rocheux du désert de Moab, à l’est de la mer Morte.
Son moral est au plus bas
J’ai appris de source bien informée que le moral du prisonnier est au plus bas. Il y a quelque temps, il proclamait une bonne nouvelle aux foules qui venaient le voir.
Il criait de toutes ses forces, sur la rive d’une rivière qui prend sa source dans les Montagnes de l’Hermon et qui vient mourir dans la mer morte. Son cri était une invitation à se préparer à l’arrivée d’une personne importante. Il parlait d’un royaume qui allait venir.
La situation à l'époque
Il faut savoir que tous les habitants attendaient avec impatience du changement dans le pays.
Les habitants vivent sous l’occupation étrangère. Les impôts sont élevés. Des opposants au régime sont arrêtées et certains sont même crucifiés. Les habitants vivent comme vit une foule sans berger.
L’arrivée annoncée d’un homme providentiel semble prometteuse. On attend de grandes choses de lui. Mais voilà, les choses ne se déroulent pas tout à fait comme annoncées. Cet homme providentiel dont la venue est désignée comme étant le Messie, l’Agneau de Dieu, plus puissant que notre prisonnier mais voilà notre prisonnier ne l’a pas vu baptiser du Saint-Esprit et encore moins de feu. Il ne l’a pas vu la hache à la main, ni couper l'arbre improductif.
Il ne sépare pas la balle du froment. Il ne brûle pas la paille. Le feu qui devait brûler et ne jamais s’éteindre semble tout à coup ne pas exister.
Comprenez-vous la grande détresse de cet homme en prison. Il est complètement déboussolé, déstabilisé dans sa foi, il cherche à comprendre et à se rassurer.
Nous aussi, comme ce prisonnier, du nom de Jean-Baptiste, nous sommes parfois déconcertés par l'image que nous nous faisons de Dieu. Elle ne correspond pas toujours à notre attente, ou avec ce que nous disons.
Nous disons que Dieu guérit, et nous ne voyons pas toujours la guérison venir et parfois c’est la mort qui vient faire son œuvre. Nous proclamons que Dieu délivre, et tant de frères et sœurs meurent victimes des persécutions.
Il y a la faim dans le monde et elle est loin de vouloir prendre fin et puis tout le monde est encore loin d’avoir accès à l’eau potable.
Tel ami ou amie chrétien est atteint d’une maladie orpheline dont on ne connait rien de ses origines.
Nous ne comprenons pas le silence de Dieu devant les millions de prières qui montent vers lui. On entend dire que s’il y avait un Bon Dieu il n’y aurait pas tant de malheur.
Oui, notre foi en prend un coup au point où certains se disent est-ce que cela vaut encore la peine de croire ?
Nous entrons alors dans notre propre prison où l’actualité a réussi à nous y jeter. Dans cette prison de l’incompréhension, nous pouvons être conduit à la déraison.
Dans notre esprit, se mettent à tournoyer mille pourquoi.
En analysant le vécu de notre prisonnier voici que monte dans notre esprit un premier pourquoi. Pourquoi Dieu a-t-il permis au roi Hérode de museler le prophète Jean-Baptiste ?
Pourquoi Dieu n’intervient-il pas pour délivrer son messager, de même que pour tous les chrétiens emprisonnés injustement à cause de leur foi.
Pourquoi n'agit-il pas en Syrie, en Israël, en Ukraine, en Russie, au Kivu pour que cesse la haine, la vengeance, pour que se taisent les armes, pour que cesse la destruction, pour que des innocents ne soient plus tués, des immeubles et des villes détruites.
Ce silence de Dieu devient insupportable et plus encore quand il se tait alors que les hommes l’accusent. Ainsi le mal, le malheur, la souffrance, la mort ont toujours rendez-vous avec les humains. Certains se demandent si Jésus peut encore apporter la joie, la vie, le bonheur ? Faut-il attendre un autre Messie ou continuer à lui faire confiance ?
Faut-il renoncer à tous ses espoirs pour un autre ? C'est la terrible question que se posait Jean-Baptiste depuis sa prison. Quand la crise de la foi chrétienne nous secoue comment faire face au doute qui s’installe ?
Quatre choses à savoir
♦ D’abord, il faut reconnaître que l’ennemi des serviteurs et servantes du Seigneur est capable de conduire tout homme, toute femme, tout jeune et de l'enfermer dans son “cachot” où il en fait son prisonnier.
♦ Ensuite, il faut savoir que dans cette prison il n'y a pas de lumière, ni de fenêtre.
On se retrouve dans l'obscurité, dans la nuit - la nuit du doute : celle qui ébranle la foi, et lui porte ses coups.
♦ Là, dans la nuit de la foi, il faut se rappeler que la foi du plus grand des prophètes, ou celle du plus grand homme né d’une femme, Jésus, le fils de Dieu ( Matt v 9, v 11) a été secouée, criblée, tourmentée. Son âme est triste jusqu’à la mort. Il se croit abandonné de Dieu au point de crier : Mon Dieu, Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné.
♦ Enfin, pour tout comprendre, il faut, non seulement entendre parler dans sa prison de ce qui se passe “dehors”, (de sa prison) mais encore tout mettre en œuvre pour envoyer vers l’extérieur “son propre message de détresse”.
En agissant ainsi, on manifestera le refus de se laisser abattre, et l'on permettra à ceux qui sont restés à l’extérieur, (de notre prison) de devenir nos yeux, nos oreilles.
C'est bien ainsi que Jean-Baptiste agit. Il fait porter son message de détresse à Jésus qui lui répond : v 4 Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez.
Remarquez l’ordre des choses dans la réponse que transmet Jésus à Jean Baptiste : Entendre puis seulement voir
Que doit entendre et voir Jean-Baptiste ?
D’abord, entendre que Jésus ne veut pas répondre à sa question. Il ne dit pas : “Allez dire à Jean que je suis bien celui qui devait venir”.
Il ne lui dit pas : "Attends quelqu’un d’autre" Mais Il invite Jean à trouver la réponse dans ce qu’il entend.
Ce qu’il doit entendre vient d'abord de la Parole prophétique de Dieu proclamée par les prophètes.
Écoutons le prophète d’Esaïe évoquer le futur. Esaïe 26:19 les morts revivront, ils ressusciteront
Esaïe 29:18,19 les sourds entendront, les yeux des aveugles verront. L’homme violent ne sera plus et le moqueur aura pris fin…
Esaïe 35:5-7 les yeux des aveugles s’ouvriront, les oreilles des sourds s’ouvriront, le boiteux sautera, la langue du muet chantera de joie...
Et subitement la prophétie s’accomplit au temps présent.
Esaïe 61:1 la bonne nouvelle de l’Évangile) est portée aux malheureux,
a) la guérison est envoyée aux cœurs brisés,
b) la liberté est proclamée aux captifs,
c) la délivrance est apportée aux prisonniers.
Cette Parole prophétique Jésus est en train de la réaliser. Elle s’adresse aux cœurs des hommes. Elle leur est donnée afin de guérir leur cœur et les libérer de leur prison.
La première mission de Jésus sur cette terre a été de s’adresser au cœur humain. Jésus n'est pas venu sur terre pour accomplir des miracles et des prodiges. Les pharisiens, les scribes et Hérode auraient bien voulu le voir accomplir un miracle.
Nous aimerions, nous aussi voir Dieu accomplir des miracles. Mais Dieu reste libre d’agir ou pas. Il nous appelle à lui faire confiance. En disant les paroles « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », nous exprimons notre désire de lui laisser carte blanche, nous lui remettons tout entre ses mains. Nous lui faisons confiance.
Nous entrons dans l’acceptation de ses plans, et dans ses projets pour nous ou pour les nôtres. Jésus n'accède pas à toutes les demandes de miracle mais il renvoie ses auditeurs (des scribes et des pharisiens) pour leur dire : Une génération méchante et adultère demande un miracle, le miracle c’est celui de Jonas dans le ventre du poisson.
Puis Jésus dit que le miracle est à découvrir, dans la repentance des habitants de Ninive mais aussi dans le fait du fils de l’homme trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. (Matth.12:39)
Même cloué en croix, Jésus ne descendra pas pour que le miracle de la croyance s’accomplisse. Il reste cloué. C’est ainsi qu’il sauve les humains. Les plans de Dieu ne sont pas les nôtres. Ce qui compte pour Dieu, c’est d’entendre et de voir.
Observons les bonnes raisons pour qu’un miracle existe
Quand Jésus accomplit un miracle en faveur de la veuve de Naïm, c'est pour manifester sa compassion et soigner le cœur brisé de cette veuve. (Luc 7:13)
Il manifeste par là qu’un grand prophète a visité son peuple (Luc 7:11-16)
Quand il guérit un paralytique c'est pour démontrer qu’il a le pouvoir de pardonner les péchés (Luc 5:24)
Quand le miracle s’accomplit un jour de sabbat au beau milieu de la synagogue il a pour but de dévoiler la fureur et la complicité des cœurs de ses auditeurs. (Luc 6:6-11)
Le miracle met en lumière la grandeur de la foi du centurion venu chercher la guérison pour son serviteur. (Luc 7:1-10) où la petitesse de la foi de ses disciples en train de vivre une forte tempête lors d’une traversée du lac de Galilée (Matth.14:29-32)
Le miracle de la multiplication des pains proclame que Jésus est le Vrai Pain qui est descendu du ciel et se fait annonce la Nouvelle Alliance, la vie éternelle et la résurrection (Jean 6:1-58)
A Jean Baptiste, qui depuis sa prison demandait : "Qui es-tu Jésus ?" Jésus répond : "Regarde et entend la voix des prophètes qui t'ont précédé"
Car je suis venu pour accomplir de nombreuses prophéties. Toute la vie de Jésus, et jusqu'à son dernier souffle, et au-delà de la mort, il en sera de même. Oui, toute la vie de Jésus est liée aux prophéties et à leur accomplissement.
A quoi notre vie est-elle liée ? A quoi s'accroche-t-elle ?
Au Dieu capable même de ressuscité des morts et de nous offrir la vie éternelle. ?
Découvrons maintenant Jésus interrogant la foule au sujet de Jean-Baptiste.
« Qui était cet homme que vous êtes allé voir au désert, sur les berges du Jourdain ? »
La foule ne répond pas. Pourquoi ? Parce qu'elle est aveugle, sourde et muette.
Trois silences brisés.
Jésus tente alors de briser le silence par trois questions portant sur leur regard, leur écoute.
1) Avez-vous vu au désert un roseau agité par le vent ?
2) Avez-vous entendu un homme aux vêtements luxueux ?
3) Avez-vous vu un prophète ? »
Jésus a cherché à établir une relation avec la foule pour lui toucher les yeux, les oreilles, guérir son cœur languissant. Il en vient alors à leur parler du prophète Malachie “Voici, j’envoie mon messager devant ta face, pour préparer ton chemin devant toi.” (Malachie 3:1)
La foule doit savoir entendre et voir dans cette Parole prophétique, la présence de Dieu qui envoie son messager Jean-Baptiste, et le Messie qu'elle attendait.
Si la foule savait reconnaître qui est le prisonnier d'Hérode, elle s'en ira lui dire : « Tu as été le messager de Dieu. Tu as marché devant sa face.
Ta mission sur les rives du Jourdain consistait à préparer la venue du Messie. Maintenant, il est là.
Tu dois maintenant le voir et l’entendre. »
Heureux celui qui entend la Parole prophétique et qui la voit s’accomplir. Il est réconcilié avec lui-même et dans ses crises spirituelles, il reçoit la guérison.
En cette nouvelle semaine qui vient de s’ouvrir devant chacun de nous, regardons et écoutons les paroles que Dieu vient nous adresser.
Découvrons jour après jours, que les Paroles de Dieu nous sont données pour guérir nos doutes, apaiser toutes nos craintes et nous consoler.
Conclusion (Psaume 146 : 5)
Heureux celui qui a pour secours le Dieu de Jacob, qui met son espérance en l’Eternel, son Dieu! Amen