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En ce dimanche des Rameaux nous sommes invités à célébrer la royauté de Jésus-Christ. Il vient étendre sa seigneurie, et sa souveraineté sur toutes choses. Il nous appelle à entrer dans le Royaume qu’il inaugure par sa mort et sa résurrection.

Signification de son entrée dans la ville

Quand Jésus entre à Jérusalem, il entre dans la ville sainte, la ville de l’alliance, la capitale politique et religieuse d’Israël, la ville des rois d’Israël, et par-dessus tout, la ville de Dieu, vivant symbole de la présence de Dieu, de la royauté de Dieu, et de sa Seigneurie sur toutes choses.

Son entrée, assis sur le dos d’un ânon est aussi son entrée dans la dernière semaine de son ministère, et la dernière semaine de sa vie.  C'est sous les acclamations et des cris de triomphe qu’il est accueilli aux portes de Jérusalem. Il est acclamé comme le Roi, le Roi d’Israël, le Libérateur qui tel un nouveau Moïse arrive pour délivrer son peuple, de l’esclavage et de la tyrannie.

Et comme à cette époque on accueille un personnage important, un roi, la foule étend ses vêtements sur le chemin, ou coupe des rameaux dans la campagne environnante. (cf. 2 Sam. 15 :10 ; 1 Rois 1 :32-40 ; 2 Rois 9 :13).

Les foules qui le précèdent crient...

Les foules qui précédent et suivent Jésus crient : "Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts ! "Mais tout, dans cet accueil nous montre que la foule ne comprend pas, en réalité, le véritable sens de la mission de Jésus.

Mais n'en est-il pas encore aujourd’hui comme cela.  Le message du salut de Dieu, la Seigneurie de Jésus-Christ n'ont jamais cessé de rencontrer de l’incompréhension, voire de l'opposition parmi les hommes. Nous vivons dans un monde marqué par le péché, et accueillir le Règne de Dieu en Jésus-Christ, ne semble pas si évident pour tous.

Le philosophe Blaise Pascal disait en son temps : " il y a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir, - et assez d'obscurité pour les humiliés ; - et il y a assez d'obscurité pour aveugler, les réprouvés - et assez de lumière pour les rendre inexcusables. " Jésus, le "fils de David", le Roi-Messie entre à Jérusalem pour accomplir les promesses faites aux Pères ? Mais sa royauté est d’un autre ordre que celle à laquelle la foule pense, et pour laquelle elle l’acclame. Elle est comme frappée d’aveuglement spirituelle quant au sens véritable de sa royauté; elle n'a pas encore compris que sa royauté n’est pas de ce monde.

Et pourtant, dans ce qui se passe en ce jour d'entrée triomphale, il y a des détails qui au premier regard paraissent insignifiants, mais qui sont en réalité chargé de sens.

Son enrée dans la ville est l'accomplissement de ce que le prophète Zacharie annonçait.

Jésus, qui entre dans Jérusalem assis sur le dos d’un ânon, ne fait qu'accomplir ce que le prophète Zacharie avait annoncé plusieurs siècles auparavant : " Sois transporté d’allégresse, fille de Sion ! Lance des clameurs, fille de Jérusalem ! Voici ton roi, il vient vers toi ; il est juste et victorieux, il est humble et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse. " (Zacharie 9 :9)

La réalité c'est que sa monture est royale, et qu'elle symbolise à elle seule l’humilité et la douceur du roi qui se lève.

Autre détail significatif : Jésus arrive à Jérusalem par la montagne des Oliviers, montagne désigné par le prophète Zacharie comme le lieu de l’apparition du Messie : " Ses pieds se placeront en ce jour-là sur le Mont des Oliviers, qui est vis-à-vis de Jérusalem, du côté de l’Orient ... " (Zacharie 14 :4)."

Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le règne qui vient, le règne de David notre père ! Hosanna au plus haut des cieux ! " La foule rend les honneurs à celui qu’elle considère véritablement comme le Roi d’Israël, le Messie. C’est à ce titre que Jésus est acclamé. La foule entonne ici le Psaume 118 qui exprime l’attente de la délivrance et la réhabilitation, par la venue de " celui qui vient au nom du Seigneur ".

" Hosanna " signifie littéralement " accorde le salut ", et est une transcription de l’hébreu du Psaume 118 :25. Cette expression utilisée en guise de louange et de salutation et appliquée à Jésus, signifie que la foule lui attribue le titre de Sauveur. Jésus apparaît donc aux yeux de la foule comme le Sauveur et le Seigneur, le véritable Roi d’Israël, le Messie venu pour délivrer son Peuple.

Attention, les choses sont sur le point de basculer...

Mais sur toute cette scène plane une douloureuse équivoque que les événements des jours suivants ne feront qu’accentuer et qui s’achèvera dans le drame. Les applaudissements feront place aux accusations et aux vociférations du Vendredi Saint ! 

Cette équivoque porte sur la véritable nature de la royauté de Jésus. Certes, Israël acclame bel et bien son Roi en la personne de Jésus, le " fils de David ", mais il ne discerne pas en Jésus le Christ, le serviteur souffrant du prophète Esaïe, qui vient donner sa vie en sacrifice pour le pardon des péchés, " l'Agneau de Dieu qui hôte le péché du monde " leur a dit Jean Baptiste.

"J’ai livré mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; je n’ai pas dérobé mon visage aux outrages et aux crachats. " (Esaïe 50 :6)

La royauté de Jésus passe par la croix ; c’est en donnant sa vie, en s’offrant lui-même en sacrifice pour le péché que Jésus est intronisé comme Roi, que Jésus est véritablement le Seigneur, comme le dit l'apôtre Paul dans son Épître aux Philippiens : " Lui dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas estimé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes … il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. "

Et c’est pourquoi, poursuit Paul "Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tous genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. " (Philippiens 2.6-11) C’est cela, chers amis, la royauté de Jésus-Christ ! Il est là le sens véritable de sa venue sur la terre, comme aussi de son entrée à Jérusalem le jour des Rameaux. Mais on n’entre pas n'importe comment dans le Royaume de Jésus. (Matthieu 7:21) : " Quiconque me dit : Seigneur, Seigneur ! n’entrera pas forcément dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. " (Matthieu 7.21)

Il y a une manière d’acclamer Jésus et de l’appeler " Seigneur " qui équivaut à le renier ! Comment cela ? Et bien tout simplement parce que Jésus n’est pas venu dans le monde pour répondre aux aspirations politiques ou sociales des hommes – même s’il va de soit que l’Évangile a aussi des implications de cet ordre, car la Seigneurie de Jésus-Christ s’exerce dans tous les domaines de la vie !

Une trace dans l'histoire humaine

Pensez qu’en leur temps, les Nazis se prétendaient investis d’une mission divine, et pourtant, rien n’était plus étranger au Règne du Christ que cela ! Pensez au Dieu dollar, qui porte comme inscription " en Dieu nous croyons ". Vu l’état spirituel des États-Unis, comme aussi du monde en général, on peut se demander si le nom de Dieu n’est pas ici de trop !

Ne devrions-nous pas voir là une certaine forme de superstition, où le sens véritable de la royauté de Jésus-Christ est détourné, tronqué, galvaudé, et mis au service d’un matérialisme à peine avoué, pour ne pas dire franchement déclaré ?

Que de combats sont menés à tort au nom du Christ, et qui ne font que salirent, en réalité, l’honneur de Dieu. Je cite "en vrac" la théologie de la libération, le génocide du Rwanda, les querelles de l’Irlande, la guerre du Kossovo, de l'Afghanistan, de l'Ukraine, de la Palestine... (etc) Mais où est donc l’Évangile là-dedans ?

Non ! Jésus ne vient pas pour se mettre à la tête d’un groupe de partisans, pour prêter son nom à une cause humaine, aussi légitime soit elle. Car sa véritable mission est ailleurs, son royaume n’est pas de ce monde, son royaume échappe à nos vues trop humaines, à nos préoccupations trop terre à terre.

Ne jetons pas la pierre à cette foule... qui n'a pas compris le sens de ce qui se passait

Et ne jetons pas trop facilement la pierre à la foule de notre texte, car qui d’entre nous ne s’est-il jamais mépris, lui aussi, à un moment donné de sa vie, sur la personne et l’œuvre de Jésus-Christ, sur sa volonté, sur le sens véritable de sa royauté ? Qui d’entre-nous n’a jamais prêté malencontreusement à Dieu, à Jésus-Christ ou à l’Église, des intentions qu’ils n’ont manifestement pas ?

On agit si facilement au nom de Dieu, au nom de la foi, au nom de l’Évangile, alors que l'on consacre si peu de temps à s’interroger vraiment, pour connaître la volonté de Dieu, pour discerner sa volonté à Lui, pour questionner Dieu, ou plutôt pour se laisser questionner par Lui, pour se laisser remettre en question par Dieu, par sa Parole,  par la Bible, afin d’agir en conséquence.

L’entrée de Jésus dans la Jérusalem terrestre annonce maintenant sa venue en gloire dans la Jérusalem céleste, et ce chemin passe par la Croix. L’entrée de Jésus à Jérusalem et la foule qui l’acclame comme leur Roi, leur Seigneur, annonce en réalité sa glorification auprès de Dieu, son entrée dans la Jérusalem céleste, et au-delà, la nouvelle création de Dieu, la Parousie de Dieu où, "tous genoux fléchiras, toutes langues confessera que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. " (Philippiens 2.10s)

Mais l’entrée de Jésus à Jérusalem signifie aussi le commencement de ses souffrances et sa marche silencieuse vers la croix, dans une obéissance totale au Père. La royauté, la Seigneurie de Jésus passe par la Croix. Jésus n’est le Seigneur de l’Église et du monde que parce qu’il est le Sauveur, le Libérateur, celui qui a vaincu la mort, et qui a pris sur lui la condamnation qui pesait sur nous, pécheurs, condamnation qui nous fermait la porte du ciel.

La royauté de Jésus, c'est la manifestation, l’irruption du salut de Dieu dans le monde, dans notre histoire, comme aussi dans notre propre vie.

La royauté de Jésus, c’est Dieu avec nous en la personne de Jésus-Christ, Emmanuel, celui qui vient pour nous révéler le Père et nous soumettre à sa volonté d’amour. C'est parce que la foule ne comprendra pas tout cela que le jour des Rameaux fera bientôt place au Vendredi Saint, et les " Hosanna " au " crucifie le " Il fallait bien se débarrasser de lui, puisqu’il avait déçu les espérances trompeuses de la foule !

Les disciples n’ont pas su discerner à cette heure le sens véritable et profond de l’entrée de Jésus dans Jérusalem.  L’Évangile de Jean nous rapporte en effet que les disciples "ne comprirent pas tout cela d’abord ; mais quand Jésus fut glorifié, alors ils se souvinrent que ces choses étaient écrites de lui, et que Jésus les avait accomplies" (Jean 12 :16).

Questions suscitant une réponse de notre part

Alors, frères et sœurs, je vous pose la question : qu’en est-il de vous-mêmes ? Quelle compréhension avez-vous de l’Évangile et comment entendez-vous vivre cette semaine de la Passion ? Comment concevez-vous et vivez-vous la Seigneurie de Jésus-Christ, la Royauté de Jésus-Christ ? Qu’est-ce que tout cela signifie-t-il vraiment pour vous, concrètement, dans votre vie de tous les jours ?

Quelle place réelle le Christ occupe-t-il dans votre vie ? Dans quelle mesure le Christ et l’Évangile occupent-ils vraiment la première place dans votre vie, la place d’honneur, la place royale ? Il est vrai que nous vivons des temps particulièrement difficiles, où il est difficile de confesser et de vivre véritablement la Seigneurie de Jésus-Christ dans tous les domaine de la vie.

Il est vrai que le monde dans lequel nous sommes, la société qui est la nôtre, est sans doute plus qu'à n'importe qu'elle autre moment de son histoire, marquée par l'incrédulité, et par ce qu'il convient d'appeler "l’humanisme sans Dieu" – folle prétention de l’homme à être son propre Dieu, son propre Sauveur, son propre Seigneur.

Il est vrai que l'Église et les chrétiens ont bien de la peine à faire entendre leur voix, tandis que les valeurs traditionnelles, les valeurs qui ont fait autrefois la force de nos pays occidentaux, les valeurs chrétiennes sont piétinées, remises en question en bien des endroits, et chez beaucoup de nos contemporains.

Alors comment vivre concrètement la Seigneurie de Jésus-Christ tandis que le monde autour de nous la rejette bel et bien ? Il y a là, incontestablement, un défi à relever, avec l’aide de Dieu, car, nous le savons, ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. Croire et dire que le Sauveur, n'est pas seulement l’ami, le confident, mais bien le Seigneur du ciel et de la terre, celui par qui et pour qui tout subsiste et sans lequel toute la création sombrerait dans le chaos.

Il est celui qui tient dans sa main les destinées des nations, comme aussi notre destinée. C'est à lui que reviennent toute notre obéissance et notre adoration. Il est le seul qui mérite le don total de notre vie, la soumission inconditionnelle de notre volonté à la sienne. C’est ça, la Seigneurie de Jésus-Christ, frères et sœurs !

Quelqu’un a dit : le remède à tous nos maux, à toutes nos détresses, c’est une entière soumission à la volonté de Dieu. Le remède à tous nos maux, c’est de reconnaître purement et simplement la Seigneurie de Jésus-Christ sur toutes choses, et sur nos vies, dans une humble soumission à sa volonté.

" Remettez à Dieu votre épreuve, offrez à Jésus-Christ votre souffrance, et confiez-vous sans réserve à sa volonté bonne."

Acceptez ce qui vous arrive comme n’étant pas le fruit du hasard ou d’une fatalité implacable, venant de la main de Dieu même,  non pas pour vous nuire, car Dieu est amour, mais pour réaliser ainsi son dessein bienveillant à votre égard, quand bien même la vraie raison échappe à votre compréhension.

Dieu a ses raisons que notre raison ne connaît point. C’est bien connu." Dieu sait ce qu’il fait ! Dieu est bon ! Il règne véritablement sur toutes choses, et rien n’échappe à sa volonté. " C’est là, aussi ce que nous voulons célébrer ce matin, en ce dimanche des Rameaux. Nous voulons célébrer le Christ Roi. Mais que cela ne soit pas que des mots ! Vivons la réalité du Règne du Christ jusque dans les plus petits détails de notre vie, sans rien laisser de côté.

Puisque Dieu sait ce qu'il fait ... alors 

Que les jeunes donnent à Jésus-Christ la première place dans leur vie, qu'ils se confient vraiment à lui, qu'ils remettent entre ses mains leur avenir, leurs études, leurs projets, car c’est là ce que Dieu attend. C'est la clef d’une vie réussie.

Que les adultes, qui sont déjà bien installés dans la vie, ne cessent pas de s'en remettre à Dieu, et de se confier à Jésus-Christ pour toute leur vie : la stabilité de leur foyer, l’éducation de leurs enfants, leur activité professionnelle, et leur témoignage chrétien.

Que le Christ soit véritablement le Chef de votre foyer, le Maître invisible de votre vie tout entière.  Rien ne saurait vous être plus profitable que cela. Rien ne saurait combler d’avantage vos attentes, et répondre à vos aspirations les plus profondes.

Et pour toutes les personnes aux cheveux blancs, qui ont déjà atteint un âge avancé, et qui sont déjà peut-être au seuil de leur vie, vous qui avaient tant à nous apprendre, que ce temps des Rameaux et de la Passion soient aussi l’occasion pour vous de faire le point avec Dieu, soumettant votre volonté à la sienne; vous remettant sans réserve à Lui, le Consolateur, le Souverain bien.

Soyez reconnaissant pour toutes ces années que le Seigneur, dans sa Providence, vous a donné de vivre jusqu’à aujourd’hui, et pour toutes celles qu’il vous reste à vivre, au-delà des épreuves et des difficultés de la vie.

Oui, célébrons, frères et sœurs, l’entrée de Jésus dans Jérusalem, l’entrée de Jésus dans nos vies, l’entrée de Jésus dans notre monde dont il est le Créateur et le Sauveur.

Adorons-le par nos chants, comme par toute notre vie, et vivons jour après jour l’aujourd’hui du Règne de Dieu en Christ, jusqu’à ce qu’il vienne.   Amen

 

Tag(s) : #Evangile du dimanche, #Rencontre avec
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